Le Mod’jo leur portera bonheur !

Extrait de L'union – L'ardennais:
Publié le mardi 27 janvier 2009


Photo de famille sur la scène du Forum.
Patrick Flaschgo

«SI le théâtre c'est la vie, l'apprentissage du théâtre peut être l'apprentissage de la vie ». Avec cette citation du grand metteur en scène anglais Peter Brook comme devise, on peut imaginer que Mod'jo risque de tenir de belles promesses.
La comédie musicale lancée par l'Adecuma (association de développement des cultures urbaines et musiques actuelles) au début de l'année dernière va enfin aboutir cette semaine.
Enfin… car le projet a connu quelques flottements au moment où la chargée de mission de l'Adecuma, Céline Daclin, a annoncé son départ des Ardennes. Mais, la conviction du Centre social et culturel André Dhôtel – deuxième cheville ouvrière de l'affaire – qu'il ne fallait pas baisser les bras, a permis de garder le cap.
Avec Iphigénie et Œdipe
L'idée de « recruter » une vingtaine de jeunes de l'agglomération carolo, pour chanter, slamer, danser, rapper, jouer la comédie, graffer… et de les réunir sur le scénario d'une comédie musicale hip hop à l'esprit rock (ou l'inverse), était excellente.
Et Djamel Aksas, animateur du centre Dhôtel, en bon connaisseur de son terrain socio-culturel, savait qu'aller au bout de l'aventure Mod'jo ne risquait que de laisser des traces positives. Sur ces jeunes qui travaillent assidûment depuis juin et sur ceux qui verront ce spectacle étonnant.
« C'est dingue les progrès qu'ils ont faits ! », s'enthousiasme Djamel Aksas, qui entre-temps est devenu le nouveau président de l'Adecuma, succédant à François Royaux, et qui, du même coup, assure le rôle de chef de projet de Mod'jo.
Si le recrutement des jeunes a commencé mollement, le bouche-à-oreille a fini par fonctionner. Finalement, ils et elles sont vingt-cinq, âgés de 13 à 20 ans, venant d'un peu partout dans l'agglo carolo et même, pour certains, de communes hors périmètre. C'est un peu en raison de la largeur de la tranche d'âge que le texte initial, commandé au slameur et poète Julien Delmaire, a été revu et adapté. De l'idée d'opposition de deux bandes rivales, l'une hip hop et l'autre rock (un peu dans l'esprit de West Side Story), on est revenu à une histoire peut-être moins conflictuelle, plus spatio-temporelle, où l'on croise Iphigénie et Oedipe !
Le « mojo » (qui s'écrit ici mod'jo), c'est le porte-bonheur, le gri-gri, dans la culture afro-américaine… « Mais c'est aussi l'esprit des vieux bluesmen qui reviennent sur terre », explique l'auteur. Tout un programme et rien que de bonnes vibrations !
Croiser les doigts
« Je dirais que c'est une comédie musicale rock (ça commence sur Voodoo Child de Jimi Hendrix !) avec des influences de la culture hip hop d'aujourd'hui. On entend des textes slamés, dont certains ont été écrits par les jeunes eux-mêmes. On en voit d'autres danser en break. Certains chantent, d'autres font du beat box ! ».
Samedi, c'était l'effervescence d'une dernière répétition au Forum sous les directives exigeantes de deux Parisiens, le metteur en scène et auteur de la bande son, Djamal (chanteur du groupe In Vivo) et du chorégraphe Fabrice Taraud. « Mon gri-gri fonctionne… mais pas sur toi ! », raconte un vieux blues des années 50 popularisé par Muddy Waters. Il ne reste alors plus qu'à croiser les doigts pour attirer la chance !

Patrick Flaschgo
Premières de Mod'jo le samedi 31 janvier à 20 h 30 et le dimanche 1er février à 15 heures au Forum. Entrée gratuite. Renseignements au centre Dhôtel, tél. 03.24.33.13.85.


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