Les Bizet au musée de l’Ardenne

Extrait de L'union – L'ardennais:
Publié le 28 Avril 2010.

CHARLEVILLE-MEZIERES (Ardennes). Lorsqu'on a dit à d'anciens locataires de l'immeuble Bizet qu'ils pouvaient prendre la porte… ils l'ont prise et sont partis. Ils ont même dessiné dessus ! Résultat, leurs œuvres sont aujourd'hui au Musée l'Ardenne !


Vu de l'extérieur, l'exposition des portes de Bizet est impressionnante.

ART populaire, art brut, ou arte povera, dirait-on en Italie… Appelez cela comme vous voudrez mais l'expérience qui vient d'être menée dans le quartier de La Houillère est bigrement intéressante.
Elle se situe dans la continuité des actions que le centre social et culturel André-Dhôtel a commencé de mener quand le Programme de Rénovation Urbaine s'est mis à sérieusement grignoter, les uns après les autres, les anciens HLM de l'Opac et d'Espace-Habitat pour faire vivre à La Houillère sa deuxième révolution urbaine.
« On avait tourné le film Mémoires d'Immigrés avec Olivier Aubry », rappelle Djamel Aksas, médiateur culturel du centre social, « puis il y avait eu l'opération Arrêt sur Images lorsque des appareils jetables avaient été distribués aux habitants pour qu'ils photographient leur quartier et montrent comment ils le voyaient ».
Djamel Aksas a lu l'année dernière dans Télérama un article sur une expérience de portes peintes par des locataires de HLM en Bretagne. Il a alors voulu transplanter l'idée.

Avec Kepon, enfant de La Houillère

L'affaire des portes des appartements de l'immeuble Bizet -qui est en train d'être désamianté avant sa démolition complète- est dans le même esprit.
Le projet a été baptisé Dynamique Espoir Banlieues, ce qui lui a permis d'être aidé financièrement, par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS).
Bien en amont de l'évacuation définitive des derniers locataires, l'Opac avait mis à la disposition du centre Dhôtel un appartement de l'immeuble qui servait de point d'ancrage à toutes ces activités. Les familles le fréquentaient facilement et s'y retrouvaient avec les animateurs.
Un temps, on y avait fait du relooking de meubles et organisé des expositions. Ce lieu maintenait une âme dans ce grand navire de béton aux 4/5 déjà vide !
C'est dans cet appartement qu'une vingtaine de familles et de personnes seules ont donné libre cours à leur imagination pour « décorer » la porte de leur appartement.
Anecdote amusante, ils ont été techniquement encadrés par Kepon (alias Nicolas Caniaux), un coloriste de BD désormais bien connu… qui a grandi à La Houillère.
Toute l'émotion et parfois la nostalgie que les anciens de Bizet ont voulu faire passer dans leurs œuvres, Kepon les a parfaitement comprises.
Un simple sapin de Noël, des boîtes aux lettres en trompe-l'œil (avec les noms dessus !), une vingtaine de clés collées à même la porte, un poème intitulé L'Amitié, un autre comme une déclaration d'amour, des prénoms inscrits sur la porte (Abdel, Sara, Selim, etc.) ou simplement des empreintes de mains… vingt-sept portes ont ainsi été personnalisées, dont certaines avec beaucoup de talent et de fraîcheur.
Elles viennent d'être installées temporairement au Musée de l'Ardenne, en majorité pour être vues de l'extérieur.
Le point d'orgue de cette idée originale devrait se situer le samedi 15 mai, à l'occasion de la Nuit des Musées, lorsque les artistes-locataires seront invités sur place à venir savourer leur triomphe.

Patrick FLASCHGO

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